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Les dangers d’un marché ouvert

Christian Brunier recommande de ne pas libéraliser un marché de l’électricité actuellement chaotique.
Energies

Les vieilles idées redeviennent parfois à la mode. La libéralisation totale du marché de l’électricité en Suisse est dopée, avec un seul leitmotiv: le prix le moins cher possible. Il faut se rappeler qu’actuellement seuls les gros consommateurs d’électricité peuvent s’approvisionner sur le marché.

Payer moins est souvent tentant, surtout lorsque vous avez toujours été un client captif. Mais, derrière ce beau décor, se cachent de sacrés pièges. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la totalité, moins une abstention, du Conseil d’administration des SIG s’oppose au projet de loi de libéralisation totale, alors que ce conseil est composé de personnes de droite, non des moindres, de gauche ou totalement apolitiques.

Le premier piège serait d’ouvrir la porte aux énergies polluantes. Toute la clientèle genevoise, dite «captive», est fournie par SIG. Depuis le 1er janvier 2017, 100% de l’électricité distribuée par SIG est renouvelable, ce qui est une rareté au niveau européen, et à un prix très compétitif. Si le marché était totalement ouvert, les énergies produites à partir du charbon ou du nucléaire pénètreraient le marché. Actuellement, le marché européen ne taxe pas les énergies dangereuses pour la santé publique et l’environnement. Ainsi, l’énergie toxique provenant du charbon casse les prix. Ouvrir totalement le marché, dans ces conditions, leur offrirait un boulevard.

Et pour combien? Le prix de l’énergie d’un ménage, partie qui serait libéralisée (sans les taxes, les frais de transport et de distribution, les montant d’abonnement, les locations de compteurs, les redevances, etc.) est insignifiant. Nous parlons d’une économie au maximum, pour une famille, de deux à trois cafés au restaurant par mois. De plus, les prix cassés ne durent pas, comme le démontrent très bien les pays européens vivant, depuis des années, ce marché totalement ouvert.

Les SIG ne cassent pas les prix des énergies, mais les quantités consommées, à travers son programme d’économies d’énergies éco21. Le dumping sur les prix ne dure que deux ou trois ans, au mieux. Une mesure d’économies d’énergie a une moyenne de vie de 14 ans. En plus d’être bonnes pour la planète, ces mesures d’efficience énergétique sont bonnes pour le porte-monnaie.

Pour son avenir, notre société a besoin d’un développement des énergies renouvelables et d’économies d’énergies, pas d’une libéralisation qui ne favoriserait, vu le marché chaotique actuel, que les énergies polluantes.

Christian Brunier, directeur général de SIG (GE)

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