Édito

Campagne dans la campagne

Conseil fédéral

Vivement qu’on soit fixé. Aujourd’hui, l’Assemblée fédérale va élire le ou la successeur-e de Didier Burkhalter. Selon toute vraisemblance, ce sera le Tessinois Ignazio Cassis qui devrait l’emporter. Reste que le galop – d’essai? – de Pierre Maudet laissera quelques traces.

Parti de nulle part, il a fait jouer à fond ses réseaux. Et a rendu sa démarche crédible. Sur la forme, on restera un peu interloqué – voire impressionné – par l’appui médiatique dont a bénéficié le conseiller d’Etat genevois, dépeint en réincarnation jupitérienne (Macron n’était qu’un petit joueur, en comparaison) ou en huitième merveille du monde, à en croire certains.

Peu de place a été laissée aux programmes dans cette StarAc’ politique. Il est vrai que ce sont les grands électeurs qui choisissent nos édiles, pas le peuple. Chacun a donc soigneusement formaté, en un véritable work in progress, ses discours: Pierre Maudet a montré que son gant de velours contenait bien une main de fer pour expulser du réfugié à tire-larigot, de quoi flâter la bête udéciste; Ignazio Cassis a brûlé en autodafé son passeport étranger; Isabelle Moret n’a pas joué la carte femmes, cela tombe bien, cet enjeu a opportunément disparu de la carte électorale.

Politiquement, quel que soit son destin fédéral après ce mercredi, Pierre Maudet a fait du gagnant-gagnant. S’il l’emporte, tant mieux pour lui; s’il perd, il se sera construit une stature nationale qu’il pourra ressortir dans quelques années et qui va surtout le transformer en locomotive électorale dès l’an prochain lors des élections cantonales genevoises.

Certains de ses soutiens l’ont un peu vite oublié. Comment combattre dès demain, sur le terrain, un homme politique pour lequel ils appelaient à voter et dont ils louaient l’hyper-compétence? La réalité risque de les rattraper plus vite que prévu et peut-être un peu plus brutalement qu’ils ne l’imaginaient. I

Opinions Édito Philippe Bach Conseil fédéral

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