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«Les médias ne sont pas garants de la démocratie ‘par essence’»

Nicolas Turtschi réagit à l’agora de Gérald Morin parue le 17 août.
Médias

Et encore un. Un article qui nous vante le métier de journaliste. On nous montre les coupes dans le monde de la presse (24 heures, L’Hebdo, etc.) et on nous explique à quel point une presse diversifiée est nécessaire à la construction des idées et au débat démocratique. A lire toutes ces apologies du métier de journaliste, on a l’impression que ces hommes et femmes sont les garant-e-s des valeurs de notre système, permettent à tout un chacun d’avoir une idée précise et claire sur le pouvoir, sur le monde, sur les puissants et les faibles. Bref, que la presse remplit son rôle de quatrième pouvoir et que les journalistes se dressent comme un pilier fondamental d’une démocratie fonctionnelle, éclairée et juste.

En parallèle, les blogs d’informations et autres presses d’amateur, orientées, non documentées, etc., ne sauraient compenser le savoir-faire de ces journalistes professionnel-le-s capables «d’enquêter, écouter, collecter, vérifier, sélectionner, synthétiser, commenter des faits et posséder une capacité à comprendre et à retranscrire en termes intelligibles par le plus grand nombre une information a priori difficile afin qu’elle ne demeure pas réservée à un cercle d’initiés.»

Mais il y a une autre histoire: celle de l’Action Critique des Médias (ACRIMED). Un organisme indépendant français, tenu, entre autres, par des journalistes bénévoles qui analysent tous les manquements journalistiques des médias actuels. Les micros-trottoirs présentés comme des analyses, les conflits d’intérêts (90% des médias français sont possédés par des milliardaires), les raccourcis analytiques, la défense de l’ordre établi, le copinage, le sexisme, etc.

Au niveau suisse, par exemple, quelles brillantes analyses de journalistes professionnel-le-s n’a-t-on pas pu lire sur Syriza, le Venezuela ou Mélenchon! Tant d’éditos de journalistes pressé-e-s de défendre la démocratie en vantant l’ordre néolibéral, la dérégulation du Code du travail français ou l’appel à la raison du marché des Grecs.

Tout simplement parce que les médias ne sont pas garants de la démocratie «par essence». Il faut des structures claires pour éviter que les médias ne deviennent des appareils de propagande. Structures inexistantes à l’heure actuelle, qui font que nos médias sont davantage le service de communication du capitalisme que les hérauts de la démocratie.

Oui, le métier de journaliste est important et devrait être valorisé. Bien sûr. Mais cela fait bien longtemps que les journalistes, les vrais, les idéaux, manquent dans les rédactions. Et je ne verserai aucune larme lorsque le Temps aura été sacrifié sur l’autel néolibéral qu’il n’a cessé de défendre.

Nicolas Turtschi, Lausanne

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