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Pour renforcer l’AVS, il faut dire NON à PV 2020!

Les arguments mis en avant par Vasco Pedrina pour justifier la réforme Prévoyancevieillesse 2020 font réagir parmi les opposants au texte.
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Dans Le Courrier du 28 juin dernier, Vasco Pedrina, ancien coprésident d’Unia, défend PV 2020 et qualifie nos arguments d’«accusations massives et fort moralisantes». Obligé de reconnaître que le relèvement de l’âge de la retraite des femmes «est effectivement difficile à avaler», il y consacre en tout deux lignes! Est-ce «moralisant» de s’opposer à ce que des ouvrières, des caissières ou des infirmières travaillent une année de plus au détriment de leur santé et au profit de leur patron? Ou de considérer que ce n’est pas aux femmes de payer la facture de PV 2020, alors qu’elles touchent des rentes de 37% inférieures à celles des hommes et qu’elles gagnent 18% de moins?

Contrairement à ce que laisse entendre Vasco Pedrina, la hausse de l’âge de la retraite est au cœur de la réforme et répond à une revendication de longue date de la droite. D’autres mesures de PV 2020 visent à allonger la durée de la vie active, comme le relèvement de l’âge minimum donnant droit à une rente du 2e pilier qui passe de 58 à 62 ans (avec des exceptions à 60 ans). Une telle réforme ne peut être un projet de gauche ni syndical. Que des partis bourgeois et une partie du patronat fassent de la surenchère en refusant, par principe, toute hausse de l’AVS ne change rien sur le fond.

Vasco Pedrina minimise aussi la baisse du taux de conversion au prétexte qu’elle est déjà une réalité pour la majorité des salarié-e-s. Il oublie qu’environ 1,5 million d’assuré-e-s ont des conditions proches du minimum LPP et subiront cette baisse. Pour nous, l’évolution baissière des rentes du 2e pilier plaide contre PV 2020, car cette réforme renforce le processus d’épargne forcée en augmentant les cotisations au 2e pilier. Il est faux de croire que ce système favorise les temps partiels. Seule l’AVS profite aux femmes et aux revenus modestes.

Pour l’ancien syndicaliste, la «vraie question» serait ailleurs, dans les compensations. Mais celles-ci ne font pas le poids:
– le bonus de 70 francs ne peut compenser en même temps la baisse des rentes du 2e pilier et la hausse de l’âge de la retraite. Les femmes perdront davantage qu’elles ne reçoivent. Les bénéficiaires des prestations complémentaires n’auront rien de plus. Les retraité-e-s actuel-le-s ne toucheront pas un franc et devront payer plus de TVA;
– les droits acquis pour la génération transitoire sont déjà remis en cause, puisque pour l’OFAS cette garantie ne vaut que pour les personnes qui partiront à 65 ans, pas pour les retraites anticipées;
– le droit de rester dans sa caisse de pension pour les personnes au chômage de 58 ans est certes une aide pour une partie des personnes âgées au chômage. Mais elle ne ­justifie pas la hausse de l’âge de la retraite.

Nous sommes consternés que les partisans de PV 2020 reprennent à leur compte le refrain sur le désastre des finances de l’AVS, cher à la droite! Un désastre annoncé depuis longtemps et toujours démenti par la réalité. Même en 2016, l’AVS a bouclé dans les chiffres noirs. Quant à prétendre que c’est en acceptant les 65 ans pour les femmes qu’on évitera les 67 ans pour toutes et tous, c’est une logique difficile à saisir puisqu’on n’a jamais vu le mouvement syndical gagner quoi que ce soit en reculant!

L’intérêt des femmes, des salarié-e-s et des retraité-e-s, c’est de renvoyer PV 2020 à son expéditeur. Le 24 septembre, non à la hausse de l’âge de la retraite et non à la baisse des rentes!

*Membre du Comité référendaire et du Comité des femmes contre PV 2020.

Opinions Agora Michela Bovolenta Votation

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