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Hospice général: «le Grand Conseil juge et partie»

La députée Jocelyne Haller déplore la «forme d’auto-acquittement» que s’est accordé le parlement genevois en approuvant le rapport de gestion de l’Hospice général sans mesurer l’impact des économies réalisées.
Genève

Lorsque le Grand Conseil doit se prononcer sur les rapports de gestion des entités subventionnées, il doit leur donner quittance de la gestion de leurs missions et des fonds qui leur sont alloués à cet effet. Pour l’Hospice général, nous savons, par divers canaux, qu’il rencontre d’importantes difficultés pour faire face à ses missions, en raison des ressources insuffisantes qu’il reçoit pour couvrir ses frais de fonctionnement.

Or, qui ne lui donne pas les moyens pour assurer pleinement sa mission? Ceux-là mêmes, qui, juges et parties, devraient approuver son rapport de gestion.

L’expérience a montré à diverses reprises que ce genre d’exercice se solde en général par une prise d’acte de cette gestion, sans que l’on s’inquiète de comment elle a été possible et jusqu’à quel point elle a dû s’accommoder de renoncements, de défauts de prestations et de compromis conceptuels.

L’approbation d’un rapport de gestion devrait permettre une approche éclairée de l’activité de l’organisme en question. Elle devrait s’attacher à vérifier que celui-ci bénéficie des ressources nécessaires pour remplir sa mission. Le cas échéant, elle devrait mesurer l’impact des économies réalisées sur la qualité des prestations aux usagers et sur les conditions de travail des employés. Rien de cela n’a été fait durant les travaux de la commission!

Les économies sont engrangées, et il ne reste plus qu’à l’Hospice général de s’adapter à des restrictions budgétaires et à gérer la pénurie. Charge à lui de se réorganiser, de repenser la répartition des compétences. Cela au risque de dénaturer les métiers, de créer de nouveaux déséquilibres entre les différentes fonctions et d’introduire une inégalité de traitement entre usagers.

C’est donc contre une forme d’auto-acquittement que s’accorde le parlement, qu’Ensemble à Gauche a présenté un rapport de minorité; mais aussi pour mettre en question la contrainte qui s’exerce sur l’institution, sur ses collaborateurs, et partant sur les usagers. Notre groupe déplore particulièrement l’absence de réflexion prospective à un moment où tous les indicateurs sont au rouge et où le développement de la pauvreté et de la précarité dans notre canton devrait nous conduire à revoir nos politiques publiques.

Ce ne sont pas les pratiques du travail social qui sont à l’origine de l’explosion des demandes sociales, ce sont les facteurs liés à la détérioration du contexte économique et social. La priorité ne consiste pas à transformer le travail social – il faudrait au contraire lui donner les moyens de remplir son office – mais à agir sur les causes de la précarisation et de la paupérisation de pans de plus en plus importants de la population.

La commission des affaires sociales a refusé d’auditionner les milieux impactés par les mesures d’économies. Le groupe Ensemble à Gauche, après avoir vainement tenté d’obtenir un renvoi en commission, a donc refusé le rapport de gestion de l’Hospice général.

* Députée Ensemble à Gauche (EàG), membre de la commission des affaires sociales et auteure d’un des rapports de minorité.

Opinions Agora Jocelyne Haller Genève

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