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L’étiquetage alimentaire simplifié est un pas dans le bon sens

À votre santé!

Il est évident que l’alimentation joue un rôle essentiel dans la santé. Ce que l’on sait moins, c’est qu’elle s’est davantage modifiée ce dernier demi-siècle que du Moyen Age aux années 1960.

Le temps moyen passé à préparer un repas a passé, en cinquante ans, d’une heure à vingt minutes en moyenne. C’est dire que l’on utilise de manière beaucoup plus régulière des aliments préparés industriellement, tant il est vrai que nos modes de vie ont ouvert tout grand un marché et donc une possibilité de «faire de l’argent» pour un nombre d’acteurs qui transforment des aliments et les commercialisent, mettant une distance de plus en plus grande entre le producteur et le consommateur.

Pour toutes sortes de raisons, dont celles de satisfaire le palais de consommateurs et de les fidéliser, pour ne pas dire les rendre addicts, les industriels ont rajouté des éléments à leurs produits, sans se préoccuper de santé publique. Et, bien qu’il soit démontré scientifiquement que le mode alimentaire actuel nous fait consommer beaucoup trop de sel, de sucre, de graisse, et que cela correspond à des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et de diabète, les industriels ne veulent pas «porter le chapeau» et parlent de liberté du consommateur.

C’est dans ce contexte-là que se situe l’initiative du Ministère de la santé du gouvernement Hollande, en France, d’introduire une étiquette nutritionnelle simplifiée basée sur les couleurs, à l’image de nos appareils électroménagers, en plus de ce qui existe déjà, écrit en tout petit et de manière souvent incompréhensible (doit-on rappeler que, jusqu’à tout récemment, on ne pouvait pas savoir si un produit contenait de l’huile de palme, celle-ci étant cachée sous le nom d’«huile végétale»)?

En effet, une étude menée déjà en 2014 avait montré que ce type d’étiquetage était le plus efficace pour changer les habitudes d’achat des consommateurs et les tourner vers des produits similaires respectant mieux les besoins nutritionnels. Néanmoins, les grands distributeurs et les producteurs majeurs d’aliments industriels ont essayé de s’y opposer en proposant un autre type d’étiquette plus flou (du genre «à consommer régulièrement ou occasionnellement»). Cela a obligé le Ministère de la santé à mener une nouvelle étude comparant trois types d’étiquettes différents, sous la surveillance d’un groupe «d’experts» médicaux, ainsi que d’autres liés à l’industrie alimentaire. Cette nouvelle étude a confirmé que l’étiquetage par couleurs était le plus efficace, même si l’on supprimait le rouge que les industriels jugeaient trop stigmatisant. C’est donc un étiquetage pour les produits transformés allant du vert à l’orange foncé (!) qui a été adopté et devrait entrer en vigueur ces prochains mois. Cela se fera sur une base volontaire – le droit européen ne permettant pas à un pays de le rendre obligatoire! – et ne concernera pas les agents conservateurs – tous les E…, dont le E250 pourtant de loin pas anodin.

C’est néanmoins un pas dans le bon sens que l’on souhaite ne pas voir annulé par le prochain gouvernement français. Il faut dire que la ministre de Santé a gagné ce combat contre le ministre de l’Agriculture, avec l’approbation du président Hollande… un peu à la dernière minute.

Voila un beau combat que notre ministre de la Santé socialiste Alain Berset pourrait entreprendre, en attendant que l’on ait enfin des autorités politiques qui prennent des décisions empêchant les industriels de préparer les aliments qui ne respectent pas les principes d’une alimentation saine et équilibrée.

En attendant ce jour, il est préférable de manger local, de cuisiner ses repas et d’inciter nos producteurs à respecter l’environnement – et donc nos assiettes – eux que nous rencontrons régulièrement, puisque ce sont nos voisins.

* Pédiatre FMH et membre du comité E-Changer, ONG suisse romande de coopération.

Opinions Chroniques Bernard Borel

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lundi 8 janvier 2018

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