Chroniques

Terrorismes sociaux et droits humains

ACTUALITÉS PERMANENTES

Des attaques de donneurs de leçons douteux contre le «droit de l’hommisme» remettent en question les principes des droits humains. Il importe de réaffirmer ceux-ci sans craindre de mettre en cause nos sociétés quand elles les violent. Certains droits semblent aller de soi en Occident. Comme la liberté de penser, d’expression, l’égalité des humains, les droits des femmes, le respect de l’intégrité corporelle, la protection de la vie privée, le droit à une vie digne et à des minima économique ou éducatif vitaux. Pour citer les plus évidents… Mais aucun n’est effectif sans bavures graves, même dans les sociétés privilégiées. Par exemple, une belle unanimité condamne les mutilations sexuelles féminines. Qui s’en offusquerait? Même si les faire reculer là où des religions les imposent n’est pas simple. Mais critiquez donc chez nous les mutilations sexuelles masculines qui, autrefois ou ailleurs, ont tué ou tuent encore tant de petits garçons… Vous vous ferez accuser d’antisémitisme, agresser par une coalition judéo-islamique improbable et bannir des médias! Les petits garçons n’auraient pas le même droit à l’intégrité corporelle que les petites filles?

L’intégrité de l’esprit et sa liberté sont encore plus menacées que celles du corps. Les Etats-Unis ont traduit la liberté de choisir, ou pas, une religion en une prétendue «liberté religieuse» qui consiste à laisser parents et prêtres imposer aux enfants immatures des choix philosophiques et religieux par le chantage affectif et la violence. Quand des sectes nord américaines pratiquent, de façon notoire, l’abus de faiblesse, le chantage, le racket et le lavage de cerveau, répandent leur propagande et leurs missionnaires importés sur nos voies publiques, il ne s’agit pas de liberté de religion, mais d’agressions contre les libertés individuelles. On laisse des imams rappeler ou prêcher, selon les exégèses du Coran, que l’«apostasie» – comprendre l’exercice du droit de changer de religion – doit être punie de mort. Est-ce une liberté religieuse ou une agression culturelle à combattre avant que ces fascistes ne transforment leurs disciples en terroristes et nous imposent la charia? Bien sûr, il n’est pas facile de trouver les arguments juridiques pour lutter contre cette culture importée quand des Eglises locales ont parfois des pratiques abusives et alors que nos religions avaient, jadis, des méthodes dignes de l’«Etat islamique». Ni quand le poids électoral et médiatique des religieux peut faire et défaire des carrières politiques…

Mais des atteintes aux droits fondamentaux peuvent aussi passer inaperçues et être acceptées après conditionnement des citoyens. Le droit au respect de la vie privée, difficile à définir, est l’un des plus malmenés, tant par les politiques que par les multinationales du commerce et de la finance. La vie privée, c’est ce que l’on fait, ce que l’on voit, ce que l’on entend chez soi. Mais c’est aussi ce qui est imposé dans l’espace public commun, ce que l’on rencontre sans le désirer dans la vie quotidienne. On ne peut plus faire un geste sans être agressé, même chez soi, par les propagandes invasives du monde de l’argent. J’ai la nostalgie du monde européen de mon enfance où l’on passait d’un paysage rural vierge de pub au village en lisant, au plus, le nom de l’endroit sur un panneau. Où l’on pouvait écouter une radio sans subir la promotion d’une assurance ou d’un spectacle dix fois l’heure. Ceux qui ne connaissent que le monde d’internet n’imaginent pas le bonheur et la paix de faire ce que l’on veut sans interférences de «cookies» multipliant les pubs. Des pubs ciblées par les big brothers du big data sur des désirs intimes pistés par nos trajets sur le net et des achats fichés en toute illégalité par le commerce. Le terrorisme commercial est l’un des plus vicieux de nos jours. D’autant plus qu’il n’est pas réprimé et est ignoré ou admis par la majorité de ses victimes. Quel que soit le désastre culturel, économique, écologique qu’il produit et qui ne fait que commencer…
 

* Chroniqueur énervant.

Opinions Chroniques Dédé-la-Science

Chronique liée

ACTUALITÉS PERMANENTES

lundi 8 janvier 2018

Connexion