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Le tronc commun à l’école est favorable aux élèves en difficulté

ECOLE • En réaction à un article publié récemment dans nos colonnes, un groupe d’enseignants du Cycle d’orientation genevois affirme que le tronc commun est favorable aux élèves en difficulté.

CLAIRE BOLLI, FABRICE BELLON, FABIENNE GIORDANO, CLAIRE MARTENOT*

Contrairement à ce qu’affirme l’article de l’Agence télégraphique suisse (ATS) paru dans Le Courrier du 30 avril dernier, les classes en tronc commun favorisent les élèves les plus fragiles, car cette structure leur permet de recevoir le même enseignement que leurs camarades, de garder les mêmes rythmes de travail que l’ensemble de leur volée. Elle leur évite de prendre du retard dans leur formation dès l’entrée au Cycle d’orientation.

Pour ces élèves, qui restent ainsi proches de leurs camarades plus scolaires, leur parcours au Cycle d’orientation garde tout son sens, il leur permet de faire des projets motivants pour leur formation professionnelle, il leur ouvre un avenir. C’est la situation que nous avons connue jusqu’en 2011 dans les trois établissements du Cycle d’orientation qui enseignaient en classes hétérogènes.

Nous avons eu la chance d’enseigner pendant plus de vingt ans chacune et chacun dans ces classes et depuis le retour des sections, nous ne pouvons que constater la dégradation de la situation pour les élèves les plus fragiles.

Maintenant, les élèves sont sélectionnés et répartis dans trois groupes dès leur entrée au Cycle d’orientation. Avec quels résultats? Pour les élèves des regroupements les moins scolaires, un sentiment d’échec, une image négative de soi, et très vite, le sentiment que ça ne sert à rien de travailler. Une vraie spirale de l’échec.

C’est bien ce que reconnaît la chercheuse dans l’article du Courrier du 30 avril. «Les élèves orientés précocement dans une voie préprofessionnelle ont ainsi tendance à se rabaisser», ces élèves vont accepter les seules issues qui leur sont proposées, les classes d’insertion et les formations en deux ans. Cela rassure visiblement l’auteure de la recherche, qui semble conclure que, si on ne vise pas trop haut, si on reste bien dans la case fixée par l’institution, on est moins pénalisé que celles et ceux qui, grâce à une confiance accrue, mais aussi à une scolarité plus poussée, auront essayé une formation plus ambitieuse (avec le risque bien entendu de ne pas trouver du premier coup leur voie scolaire ou professionnelle définitive).

Cet article indique qu’il vaut mieux renoncer (…dès 12 ans!) à ses ambitions et suivre une voie linéaire plutôt que de risquer des ruptures. Il pousse ainsi à une sélection précoce et à la résignation.

Eh bien, nous ne nous résignons pas! Nous voulons donner à tous les élèves la possibilité de réussir leur scolarité obligatoire, en travaillant ensemble dans les mêmes classes. Nous savons que les difficultés rencontrées pendant la scolarité obligatoire sont surmontables et ne déterminent pas tout l’avenir des jeunes. C’est pourquoi nous continuons de nous battre pour le retour des classes avec tronc commun au Cycle d’orientation. Pour que nos élèves aillent le plus loin possible dans les études de leur choix!
 

*Enseignant-e-s aux cycles d’orientation de Bois-Caran et de Budé (Genève).

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