Soutenir les victimes de la compagnie pétrolière Chevron
Imaginez que vous habitiez un village romand où l’on a découvert récemment du pétrole. Imaginez qu’un jour, une multinationale débarque pour exploiter ces ressources énergétiques et vous offre en contrepartie développement, modernisation et bien-être.
Malheureusement, pour vos voisins et vous, du fait de votre origine ethnique et de votre mode de vie, les dirigeants de la compagnie pétrolière, de riches WASP (anglo-saxons protestants blancs), depuis leurs luxueux bureaux aménagés dans un gratte-ciel, vous considèrent comme inférieurs, citoyens de deuxième classe. Ils décident de se passer, pour leurs opérations d’extraction, des technologies les plus avancées en matière de protection de l’environnement et de la santé des habitants de votre village. Ils ne veulent même pas utiliser la technologie qu’ils ont fait breveter, qui diminue considérablement les impacts négatifs des opérations pétrolières, et à laquelle ils ont recours dans leur propre pays, où les lois environnementales sont plus strictes. Ils vont utiliser délibérément la technologie la plus obsolète, afin de diminuer les coûts et maximiser les bénéfices des opérations. L’argent fait la loi, et pour eux, vous êtes de simples indigènes.
Maintenant, imaginez qu’après une trentaine d’années d’exploitation lucrative, l’entreprise cesse son activité et quitte votre village. Ce qu’elle laisse derrière elle n’a rien du développement promis ni du bien-être espéré. Elle laisse au contraire des quantités inimaginables de pétrole et des déchets toxiques à ciel ouvert, infiltrés dans les sols et les sources d’eau douce; des champs et des rivières sévèrement pollués; un écosystème local détruit, avec de graves, voire fatales, conséquences pour la santé et la production agricole des habitants de votre village. Pensez-vous que l’entreprise doive assumer la réparation des dommages? Voudriez-vous obtenir justice?
La transnationale Texaco, achetée par Chevron en 2001, a fonctionné comme exploiteur en Equateur de 1964 jusqu’à 1990. Elle a extrait des millions de barils de pétrole sans employer les méthodes de production stipulées dans le contrat avec le gouvernement équatorien. Pendent ces années, elle a foré et exploité 356 puits de pétrole et elle a creusé pas moins de 1000 piscines dans la forêt tropicale – dont plusieurs clandestinement – où ont été déversés toutes sortes de déchets, comme du pétrole brut, des eaux usées et des boues de forage. L’objectif était de réduire des coûts de production et maximiser les profits. Texaco/Chevron a ainsi pollué délibérément et systématiquement environ 2 millions d’hectares de l’Amazonie équatorienne, en versant plus de 64 millions de litres de pétrole et plus de 70 millions de litres de déchets liés. Cette pollution est quatre fois plus importante que celle occasionnée par le pétrolier Exxon Valdez sur la côte de l’Alaska. Sauf que, dans le cas de l’Equateur, il ne s’agit pas d’un accident, mais d’un crime délibéré contre l’environnement perpétré chaque jour pendant plusieurs années. On parle ici d’écocide.
Les graves dégâts écologiques provoqués par Texaco/Chevron ont causé d’irréparables dommages aux habitants de l’Amazonie équatorienne. Les victimes ont poursuivi en justice la compagnie étasunienne devant les cours équatoriennes et ont fini par obtenir un jugement favorable qui la condamne à les indemniser. Mais Texaco/Chevron refuse d’assumer sa responsabilité. Au contraire, les dirigeants de la compagnie ont décidé d’ignorer le jugement et ont déployé une ample campagne de discrédit contre l’Equateur et son système judiciaire. Sans retenue, Texaco/Chevron consacre des millions de dollars pour poursuivre les victimes et leurs défenseurs aux Etats-Unis, en les accusant d’être une organisation criminelle et d’avoir manipulé la justice équatorienne pour obtenir une sentence favorable. Un juge new-yorkais ayant des intérêts dans la compagnie a rendu un jugement qui lui est évidemment favorable.
Pour autant, la lutte pour la justice en faveur des victimes continue et les Equatoriens se battent pour laver les outrages subis par leurs institutions. Face à un tel adversaire, nous avons besoin de votre aide. Comment pouvez-vous agir? Par des actes simples, en n’achetant plus les produits dérivés commercialisés par Texaco/Chevron. Et en soutenant les manifestations de la Journée internationale contre Chevron, ce 21 mai, partout dans le monde via Internet, et ici, à Genève. Nous avons besoin de vous!
Rassemblement anti-Chevron aujourd’hui à 18 h sur la place des Nations, à Genève.
Signer la déclaration internationale anti-Chevron: www.antichevron.com/declaracion.html#firma