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Une Accroche pour les décrocheurs

GENÈVE • Le premier forum organisé par la jeune association Accroche, qui œuvre pour l’intégration des jeunes en situation de rupture scolaire, a ouvert des pistes pour une approche plus transversale et interinstitutionnelle de l’inclusion.  

Plus de 220 participants de tous horizons (professionnels de l’action socio-éducative, étudiants, responsables institutionnels, etc.) se sont rencontrés à la HETS le 25 septembre, répondant à l’invitation de l’association Accroche, dans le but de poser les bases d’un travail concerté pour accompagner les jeunes en situation de décrochage autant scolaire que social.

Depuis quelques années, la question des jeunes de 15 à 25 ans en rupture de formation et/ou sans projet de formation fait à Genève l’objet d’études, d’interpellations politiques et de développement de dispositifs ad hoc.

Les perspectives et conditions d’entrée dans la vie adulte et active interviennent dans un environnement socio-économique plus difficile que pour la génération précédente. Parmi les signes caractéristiques de rupture ou de décrochage: l’échec scolaire, l’absence de projection vers une activité professionnelle, l’absence de projet, la démotivation, la solitude, la rupture avec tout cercle social de proximité.

Plusieurs dizaines de jeunes sortent chaque année de la scolarité obligatoire sans perspectives de formation et plusieurs centaines abandonnent leur formation en cours d’études post-obligatoires. On constate à Genève une véritable volonté politique d’aider ces jeunes, l’objectif étant de former un maximum de jeunes, grâce aux moyens mis en œuvre par les principaux acteurs du réseau cantonal – Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC), Office cantonal de l’emploi (OCE), Hospice général, Office cantonal d’assurance-invalidité (OCAI), Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe), villes et communes genevoises).

Accroche adhère sans réserve à l’objectif fixé par le Département de l’instruction publique d’amener le plus grand nombre possible de jeunes à mener à bien un processus de formation certifiante dont le succès passe en priorité par les dispositifs existants: Gestion de suivi individualisé (GSI), semestres de motivation (SEMO), antennes emploi communales, etc.

L’intention première est de promouvoir et soutenir les mesures préalables et concertées visant l’intégration des jeunes décrocheurs en situation de vulnérabilité et, souvent, de grande précarité. Accroche veut faire avec les dispositifs existants, mais en amont, voire en parallèle.

Pour ce colloque du 25 septembre, les participants ont été invités à une réflexion sur le thème «inclusion sociale des jeunes décrocheurs: ressources et perspectives». Précisant cette démarche, Accroche a mis en exergue une «devise» symbolique: interinstitutionnalité, transversalité et échanges créatifs.

La transversalité se joue au quotidien, sur le terrain, par les professionnels qui sont en prise directe avec les situations de vulnérabilité: trouver le passage, grâce au réseau personnel, permettant d’établir le contact avec la bonne personne au bon endroit.

L’interinstitutionnalité doit permettre aux acteurs de terrain d’exercer dans un contexte d’interdisciplinarité sans se heurter aux considérations «politiques» et normatives, voire des dogmes. Il faut se sortir de ces carcans et assurer une fluidité essentielle dès lors qu’il s’agit d’unir les forces afin de résoudre des problématiques particulières.

Les échanges créatifs illustrent plus particulièrement le souhait d’Accroche de permettre à tout acteur de l’insertion de devenir le promoteur d’actions innovantes et d’expériences luttant contre le risque important d’exclusion sociale que vivent encore trop de jeunes aujourd’hui.

Entre émotions et bonnes pratiques, les différentes présentations ont permis de construire avec les participants une vision commune du décrochage et partager leur savoir-faire sur la question.

L’ambition d’Accroche, en tant que nouvelle association, était de réunir dans ce forum des acteurs de l’insertion à Genève pour leur faire partager son désir d’adhérer à une vision plus «transversale» et «interinstitutionnelle». Pari tenu avec quelques pistes de réflexion intéressantes sur le «jeune décrocheur»: son parcours est non linéaire et nécessite un repositionnement constant de l’interlocuteur; la transition scolaire est un passage obligé pour lui permettre de trouver sa voie; son projet professionnel passe d’abord par l’aspect éducationnel; seul un accompagnement «sur mesure» sous la forme d’actions concertées et la mutualisation d’expériences lui permettra de raccrocher; d’un point de vue politique, le décrochage n’est plus une question de légitimité, mais plutôt de moyens.

En conclusion, l’association Accroche a indiqué sa volonté de poursuivre sa démarche avec un cercle élargi de partenaires. D’autres rassemblements seront proposés en maintenant ses objectifs fondamentaux: sensibiliser à la problématique de «décrochage»; valoriser et initier les actions préalables et concertées visant l’intégration durable des «décrocheurs»; situer ses actions en complémentarité et en appui aux actions transversales et interinstitutionnelles.

Opinions Agora Manfred Urben

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