La prévention commence bien avant la vaccination
De nouvelles épizooties apparaissent à intervalles rapides, leur gravité est exagérée et elles deviennent des pandémies létales. La grippe aviaire, la grippe porcine, la langue bleue et, déjà en route, le virus de Schmallenberg. Pour chaque nouveau virus et chaque nouvelle bactérie, il faut inventer et fabriquer de nouveaux vaccins. Il faut qu’ils soient à disposition de suite, le temps manque pour effectuer de sérieuses études sur les effets secondaires et les effets de longue durée. Lorsque quelques cantons hésitent avant de réagir ou marquent de la compréhension pour les personnes et les détenteurs d’animaux qui refusent une vaccination, la Confédération voit une menace pour le succès de sa campagne.
Avec la modification de la Loi fédérale sur les épizooties (LFE), il faut donc centraliser les compétences auprès de l’Office vétérinaire fédéral, afin qu’il puisse décider de ce qu’est une épizootie dangereuse et du moment approprié pour une vaccination obligatoire. A la différence de la loi zurichoise, qui prévoit la participation des personnes concernées sous la forme d’une commission constituée de vétérinaires, détenteurs d’animaux, protecteurs d’animaux et consommateurs, la loi nationale portée en votation le 25 novembre ne prévoit qu’un droit de recours. Un recours jugé par l’instance même qui ordonne la vaccination.
Rétrospectivement, on sait que la grippe aviaire et la grippe porcine étaient des grippes ordinaires, bénignes – la vaccination assidue n’y a rien changé! Une grande partie de la population ayant refusé la vaccination, il fallait ensuite détruire des vaccins valant plusieurs millions de francs. La maladie de la langue bleue n’a touché aucune ferme ayant refusé la vaccination. Et, après de longues années de vaccination obligatoire, il faut maintenant interdire le vaccin contre la fièvre aphteuse puisque l’Union européenne refuse d’importer de la viande et des animaux provenant de pays qui pratiquent la vaccination obligatoire.
La prévention commence bien avant la vaccination. Elle commence avec la garde conforme aux besoins des animaux, avec l’alimentation et l’élevage. Ce sont des éléments qui renforcent le système immunitaire, afin qu’il soit à la hauteur des menaces modernes. Par exemple, un animal sain refusera de s’accoupler avec un animal dont le patrimoine génétique présente un système immunitaire affaibli.
Toutefois, le triomphe de l’insémination artificielle et l’élevage axé principalement sur la productivité a fait disparaître cette protection naturelle contre les maladies et les épizooties. Je me permets de citer un vétérinaire: «La maladie de la langue bleue n’est pas une épizootie. Des vaches qui attrapent une fièvre, ce n’est rien de nouveau. Autrefois, on les abattait et leur bagage génétique ne s’est pas transmis; la population devenait plus forte. A l’inverse, le système immunitaire peut être affaibli lorsqu’on utilise un vaccin qui n’a pas été testé sérieusement pour connaître ses effets de longue durée.»
Si vous votez contre la modification de la Loi sur les épizooties, vous ouvrez le chemin à une amélioration de la LFE dans le sens de la loi zurichoise. C’est pourquoi on devrait voter NON contre l’actuelle modification de la LFE.
* Paysan bio, ancien président de Bio Suisse, Tann (ZH)