SOS FEMMES, 70 ANS D’ACTION SOCIALE
Changer le monde? Peut-être pas, mais la vie quotidienne de bien des femmes, oui. Voilà septante ans que l’association SOS Femmes accueille et encourage les femmes précarisées à envisager l’avenir autrement en soutenant activement leurs projets de réinsertion sociale ou professionnelle. Elle propose en effet une formation ou une réorientation à celles qui souhaitent changer de métier, un soutien financier permettant aussi de connaître ses droits, une aide dans les démarches administratives, la recherche d’emploi ou la garde des enfants.
De 1940 à 2010, SOS Femmes a vu ses axes de travail et ses priorités évoluer largement au fil des nouvelles problématiques survenues dans le paysage social et économique; elle accompagne aujourd’hui aussi bien les femmes désirant quitter la prostitution (sa première vocation) que les femmes marginalisées et chahutées par la vie qui souhaitent se sortir de situations difficiles et trouver les clés d’une nouvelle autonomie.
Celles qui frappent à la porte de l’association arrivent à la consultation avec des problèmes très divers. Beaucoup sont dus à une paupérisation croissante, en particulier pour les mères de famille: divorce, dettes, poursuites, garde des enfants, recherche de travail ou conditions de plus en plus précaires, manque de formation. Sans oublier des naufrages plus intimes tels que violences conjugales, manipulations dans le couple, dépression, contraintes.
Changer de perspective(s), restaurer la confiance en soi, construire ensemble de nouveaux projets: au-delà de l’écoute et du soutien personnel, cette reconquête de soi passe par la mise sur pied d’outils concrets. Dans un marché du travail en pleine mutation, les formations lacunaires constituent en effet un réel handicap social du fait qu’il existe moins d’emplois peu qualifiés. Epauler une femme dans un projet de formation s’inscrit donc dans un long processus, en particulier si elle n’a pas de formation de base ni d’expériences professionnelles qualifiantes. Ecoutons les travailleuses sociales de SOS Femmes: «Il s’agit tout d’abord de traiter les problématiques sociales en amont: revenu, logement, baby-sitting, etc. Parallèlement, nous encourageons les femmes à reprendre des activités de formation sous forme de cours ou de stages de réinsertion, notamment grâce à des partenariats avec des organisations de formation ou grâce à des fonds privés».
Les femmes mais aussi, bien souvent, les enfants d’abord, ceux-ci étant toujours tributaires de la situation familiale. Il s’agit donc de les intégrer au processus de réadaptation et d’intervenir en faveur de leur éducation et de leur bien-être. Mais il faut aussi anticiper et être attentif aux jeunes adultes qui ne sont pas encore insérés dans une formation ou un emploi, en les orientant vers les services compétents et en les soutenant jusqu’à ce qu’ils et elles aient trouvé un point d’ancrage.
Quant à la réinsertion suite à une période de prostitution, elle requiert un suivi spécifique et intensif. Les nouvelles technologies de communication, les changements de mode de vie, les phénomènes sociaux comme la migration, l’ouverture à l’Union européenne ont passablement modifié la donne: le nombre des prostituées recensées à Genève est passé de 800 en 2004 à quelque 2500 actuellement. Dans ce domaine, la réinsertion se révèle complexe, d’autant que les préjugés dont la prostitution fait l’objet sont tenaces.
Quel que soit l’horizon d’où elles viennent, SOS Femmes a mis sur pied à l’intention des femmes qui s’adressent à elle des stages de réinsertion: la boutique «Les Fringantes» (dépôt-vente de vêtements), où fibre textile et fibre sociale tissent des liens. A travers des stages pratiques dans le domaine de la vente, on peut se confronter à la réalité et aux horaires d’un emploi, tester ses compétences et en acquérir, bénéficier d’un appui pédagogique individuel en français, informatique ou en recherche d’emploi. Porteuse d’avenir, une façon de devenir actrice de sa propre vie en renouant en douceur avec le monde du travail. I
* Documentation: SOS Femmes, Rapport d’activité 2009.
SOS Femmes, 10 rue de la Madeleine, 1204 Genève, permanence téléphonique: tél: 022 311 22 22.
Boutique «Les Fringantes», 4 rue Vignier, 1205 Genève, tél: 022 328 16 55 (lundi – vendredi de 14 h 30 à 18 h 30).
SOS Femmes est une association privée à but non lucratif. Reconnue d’utilité publique, elle est subventionnée par l’Etat de Genève, avec le soutien de diverses communes et donateurs privés.