Contrechamp

Forêt: place aux arbres OGM

Les règles du «libre» échange de l’OMC ont non seulement encouragé un pillage sans vergogne des forêts des pays pauvres, elles ont aussi rendu impossible la mise en place de législations environnementales, accusées d’être des «obstacles au commerce». Les accords de libre échange liquident aussi les droits – notamment les titres de propriété collective – des communautés paysannes, indigènes et afro-descendantes facilitant la saisie de leurs terres, forêts et sous-sols. C’est contre de tels accords de libre échange que les Zapatistes se sont révoltés au Mexique en 1994 et que les peuples de l’Amazonie péruvienne ont fait de même en juin dernier.

Et pour lutter contre la déforestation? Un des moyens les plus simples, efficaces, justes et économiques – une étude estime qu’il coûterait jusque 1000 fois moins que les marchés carbone usines-à-gaz qu’on propose de gérer depuis Wall Street – serait simplement de garantir les droits des peuples de la forêt, qui ont su y vivre en la respectant depuis des millénaires. Trop simple! Pour protéger la forêt, comme pour faire n’importe quoi de nos jours, il faut créer un marché juteux. C’est le projet REDD (Reduced Emissions from deforestation and degradation). Mais qui va bénéficier des crédits carbone générés? Pourquoi les grandes puissances ont-elles explicitement refusé d’y intégrer même la mention des droits des peuples indigènes reconnus par l’ONU? Et comment peut-on proposer d’y inclure les plantations industrielles d’arbres, alors que celles-ci captent cinq fois moins de carbone qu’une vraie forêt, ouvrant ainsi la voie non pas à moins, mais à encore plus de déforestation? Place aux arbres OGM! Encore une fois les propositions de Copenhague prolongent les politiques de l’OMC.

Des réglementations précises, accompagnées de projets d’aménagement forestiers et agricoles basés sur le respect des droits des peuples indigènes et des paysans, financés par des fonds non dépendants du marché du carbone, comme cela a été proposé par de nombreuses organisations et gouvernements, permettraient le maintien et le développement de la biodiversité, des écosystèmes agroforestiers et la mise en oeuvre de la justice climatique. OMC/CJS

Opinions Contrechamp Olivier De Marcellus

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